
Les Grands Sites du Goût sont déjà 10 et ambitionnent d’être 20 à la fin de 2022. Le but: créer un réseau de destinations «terroir».
Josef Zisyadis s’est étranglé lorsqu’il a parcouru la nouvelle «Stratégie touristique de la Confédération», parue le 11 novembre, soit un jour avant la première rencontre des Grands Sites du Goût. «Sur 60 pages, il n’y a pas une fois le mot gastronomie! Pour le pays qui compte le plus grand nombre de tables étoilées au kilomètre, quelle tristesse…»
Les Grands Sites du Goût, projet lancé conjointement par la Fondation pour la promotion du goût, GastroVaud et Vaud Promotion en octobre 2018, veut justement fédérer les régions suisses autour de la notion de terroir et de gastronomie. «C’est un cadeau pour le tourisme suisse, qui a besoin de ça pour préparer un avenir décarboné», estime Josef Zisyadis.

Le Val-de-Travers et l’absinthe, le Tessin et le merlot, l’Ajoie et sa damassine, ou quand l’alcool régional fait la notoriété du lieu.
Florian Cella/VQH
Vingt-quatre sites repérés en Suisse
Dix sites (romands et tessinois) participent déjà, dont trois vaudois (Lavaux et son chasselas, Grandson et sa truffe, Bex et son sel des Alpes). L’objectif est d’en atteindre 20 (sur 24 repérés) à la fin de 2022, et notamment dans les régions alémaniques.
Un site dédié, géré par Vaud Promotion, permet d’appréhender ces régions gastronomiques en un coup d’œil. «Mais même si nous sommes pionniers, nous avons l’exigence que cela sorte du canton», insiste Andreas Banholzer, directeur de Vaud Promotion. Pour lui, il y a tout à faire. «Souvent, des régions périphériques qui ont des produits n’ont pas de développement touristique du tout.»

La tête-de-moine de Bellelay (BE) et le fromage à raclette d’Entremont (VS) figurent aussi sur la liste.
Moritz Hager
Et l’idée n’est pas forcément de lier un produit x à une région y. «Par exemple, la destination Genève est difficile à définir, explique Josef Zisyadis. Le cardon n’est pas un produit phare international… En revanche, on pourrait tabler sur la proximité particulière entre la ville et la campagne agricole.»
Dans tous les cas, il s’agira de défendre un tourisme doux, lent et gourmand. Voire un «tourisme serein», comme l’a défendu Rafael Matos-Wasem, maître d’enseignement à la HES-SO Valais, dans sa conférence. Qu’est-ce que c’est? «C’est un tourisme où le lieu de destination est serein lui aussi, car la population locale a été incorporée en amont dans sa planification et l’éthique sociale a été intégrée.»
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